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Friday 27 October 2017

Alexandre de Rhodes a-t-il inventé le quốc ngữ ? (Alain Guillemin - Moussons 23 - 2014, p. 141-157)

Source: https://moussons.revues.org/2921?lang=en

En mai 1941, les autorités coloniales dressent un mémorial sur une petite place au nord-est du lac Hồàn Kiếm, à côté du temple de Bà Kiêu. C’est une stèle en pierre, haute de 1,7 m, large de 1,1 m et épaisse de 0,2 m, sur laquelle sont gravés en quốc ngữ1, en chinois et en français, les mérites du jésuite Alexandre de Rhodes. Le journal Tân Tri du 13 juin 1941 en informe ses lecteurs de la manière suivante :
M. Alexandre de Rhodes a revécu parmi les habitants de Hanoi lors de l’inauguration de son mémorial ; la cérémonie a été réalisée dans une atmosphère solennelle et émouvante […] Maintenant, le quốc ngữ est considéré comme les fondements de la langue nationale, c’est pourquoi, nous ne pouvions pas ne pas remercier sincèrement celui qui l’a inventé, M. Alexandre de Rhodes. (Le courrier du Viêt Nam, 4 juillet 2004 : 6.)

2Le titre de notre article Alexandre de Rhodes a-t-il inventé le quốc ngữ ? est bien sûr ironique. Nous savons, comme le dit Alexandre de Rhodes lui-même, qu’il n’a pas inventé le quốc ngữ. Si éminent que soit son rôle, nous verrons qu’il n’est que le maillon d’une chaîne et que l’hommage rendu à, l’illustre jésuite ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. En effet, ce qu’il faut mettre aussi en évidence est le rôle des missionnaires dans la connaissance des langues. Au Viêt Nam, comme dans la plupart des pays qu’ils tentent d’évangéliser (un autre exemple patent est celui des Pères blancs en Algérie pour la connaissance de l’arabe et du berbère), ces évangélisateurs ne se limitent pas à la prédication et à la traduction de la parole de Dieu. L’œuvre de lexicographie de missionnaires n’a pu se faire qu’en étroite collaboration avec les chrétiens et les lettrés vietnamiens, collaboration trop souvent tue par les missionnaires. Ce qui ne justifie pas néanmoins la sous-estimation, voire l’ignorance, de l’apport des missionnaires à l’historiographie du Viêt Nam. Ils n’ont pas seulement été des jalons incontournables en matière de grammaire et de lexicographie des langues, mais ont parfois aussi été de grands ethnologues ou de grands historiens. C’est donc à juste titre que Georges Condominas rend hommage à l’œuvre du Père Cadière et que Laurent Dartigues donne sa place aux missionnaires dans la naissance et le développement de « L’orientalisme français en pays d’Annam » (Dartigues 2005 : 122-136).

3Or, pour certains spécialistes du Viêt Nam, reconnaître la valeur et le rôle scientifique des écrits de certains missionnaires aboutirait à ne considérer que le côté positif des missions, voire verser dans l’hagiographie. Il en est bien sûr tout autrement. La reconnaissance de l’apport des missionnaires à la vietnamologie n’aboutit pas à ignorer les côtés négatifs de leur action au Viêt Nam : nombre d’entre eux ont méconnu la culture vietnamienne, jugée inférieure à la culture française, partie prenante de la culture occidentale et, sauf exception, ils ont fermement soutenu la domination coloniale. L’entreprise missionnaire est contradictoire, mais cette contradiction est un fait et les faits sont têtus, comme le déclarait un certain Vladimir Ilitch Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine dans sa Lettre aux camarades du 30 octobre 1917.

4Reste à expliquer cette vision réductrice de certains spécialistes du Viêt Nam. Elle relève, très probablement, d’une double faiblesse épistémologique : l’adhésion inconsciente à « l’athéisme méthodologique » dénoncé par Albert Piette (2003) et à « l’illusion scientifique » formulée par Michel de Certeau (1975). Dans son ouvrage sur « le fait religieux », Albert Piette s’élève contre « l’athéisme méthodologique » pratiqué par les spécialistes des sciences religieuses et, plus généralement, par les chercheurs en sciences humaines, au profit d’un « théisme méthodologique » qui ne réduit pas le croyant (en ce qui nous concerne ici le missionnaire) à un « idiot manipulé, halluciné, illusionné par des forces chimériques », et de ce fait incapable de prendre des distances avec sa foi et d’apporter son tribut aux recherches en sciences sociales (ibid. : 37). D’autre part, Michel de Certeau, dans la filiation de Paul Veyne et de Paul Ricœur, souligne que l’histoire est non seulement un récit, mais aussi une pratique, liée à son lieu d’énonciation, « l’institution historique ». Michel de Certeau veut dire par là que tout historien, ecclésiastique ou laïc, croyant, agnostique ou athée, s’insère dans une époque, un moment de la recherche historique, avec ses thématiques et ses écoles, ses innovations épistémologiques et ses impasses, et le met en garde contre « l’illusion scientifique » (1975 : 70). En effet, l’observateur, anthropologue, historien ou sociologue, travaille sur des constructions déjà opérées par les acteurs. En prenant la suite de l’interprétation et des catégorisations des acteurs, il effectue certes un décrochage par rapport au monde des acteurs, « mais il contribue par spécialisation et institutionnalisation à l’élaboration d’une posture originale, celle des sciences humaines, à mi-chemin du monde des acteurs et d’une distance objective et omnisciente qui ne saurait que constituer un fantasme » (Molino 1997 : 19).

5Cette mise au point épistémologique ayant été faite, reste à organiser notre propos. Cet article, centré autour de la figure d’Alexandre De Rhodes, se veut une synthèse du rôle des missionnaires dans la lexicographie du vietnamien, plus précisément la mise en œuvre de la translittération de l’écriture de la langue vietnamienne en caractères à l’écriture en alphabet romain, en d’autres termes, du chữ nôm au quốc ngữ. Cet exposé qui vise un public de non vietnamisants mais aussi de vietnamisants peu familiers avec ce sujet sera divisé en trois parties. Après avoir brièvement évoqué la vie et les voyages d’Alexandre de Rhodes, nous tenterons de mettre en évidence les principaux apports de son œuvre lexicographique et le rôle joué par ses prédécesseurs, des jésuites portugais. La troisième partie analysera le processus qui débouche sur la généralisationdu quốc ngữ comme mode de transcription de la langue vietnamienne. Faut-il préciser que cet exposé n’a pas de prétention linguistique, et ce pour trois raisons : l’auteur n’est pas linguiste, les articles et les ouvrages de linguistique sur le passage du chữ nôm au quốc ngữ, en vietnamien, en anglais et en français sont très nombreux, enfin, innover dans ce domaine suppose la connaissance approfondie du chinois classique et du chữ nôm, ce qui est très rarement le cas chez les vietnamologues de langue française. Parmi ces exceptions, on peut citer le mémoire d’Alexandre Lê (1995 : 6-99), élève de Hoàng Xuân Hãn. Les quelque données linguistiques figurant dans le texte sont toujours attribuées à leurs auteurs et n’ont pour but que d’éclairer le propos général.

Un voyageur polyglotte2


  • 2 L’histoire de la vie d’Alexandre de Rhodes est désormais bien connue. Les articles et les ouvrages (...)
  • 3 Le patronyme Rueda, vient de rueda (rouelle), petit disque rouge que les juifs de ces contrées dev (...)
6Alexandre de Rhodes est né en Avignon le 15 mars 1591, dans une famille de négociants en soie, originaire du village de Calatayud en Aragon. Ces marranes ont fui l’inquisition pour se réfugier en Avignon, alors terre papale accueillante pour les juifs. Comme beaucoup de chefs de familles juives converties au catholicisme, le père d’Alexandre choisit de modifier son patronyme Rueda en Rode, puis de Rode et finalement en de Rhodes3. En 1609, à 18 ans, Alexandre de Rhodes arrive à Rome. Le 14 avril 1612 il entre dans la Compagnie de Jésus. Là, il perfectionne sa connaissance des langues anciennes (latin, grec et hébreu), apprend l’italien et étudie les mathématiques.

7Il se destine à l’évangélisation du Japon et quitte Rome en octobre 1618 pour Lisbonne, alors principal port d’embarquement d’Europe pour les Indes orientales. Il apprend le portugais en attendant le départ, le 4 avril 1619, sur le « Sainte Thérèse », à destination de Goa. Parmi les quatre cents passagers de ce navire figurent d’autres missionnaires jésuites comme Jérôme Majorica, évangélisateur du « Tonkin » et de la « Cochinchine » et auteur prolifique de textes chrétiens en chữ nôm.

  • 4 Une langue dravidienne proche du Tamoul.
8Le navire passe le Cap de Bonne-Espérance le 20 juillet 1619 et atteint l’île de Goa le 9 octobre de la même année. Alexandre de Rhodes est accueilli par les jésuites installés à Goa depuis l’arrivée de François Xavier en 1542. Il va demeurer deux ans et demi à Goa et à Salsette où il tombe gravement malade. Il y rencontre le jésuite français étienne de la Croix avec lequel il apprend une langue locale : le kanara ou canarin4. Le 12 avril 1622, il reprend le cours de son périple vers le Japon. Il s’embarque alors pour Malacca où il arrive le 28 juillet 1622 et doit patienter près de 9 mois avant de pouvoir de reprendre la mer. En raison de l’intensification de la persécution des chrétiens au Japon et de la fermeture progressive du pays entamée dès 1612, ses supérieurs décident de l’orienter vers une autre destination : le centre du Viêt Nam où les pères Francesco Buzomi (1576-1639) et Diego Carvalho avaient établi une mission depuis 1615 à Tourane (aujourd’hui Đà Nẵng).

9Après 18 mois passés entre Macao et Canton, Alexandre de Rhodes s’embarque avec cinq autres jésuites, dont Gabriel de Matos, pour rejoindre Faifo, aujourd’hui Hội An, un des principaux ports de ce qu’il appelle la Cochinchine, au sud de Tourane. C’est un grand centre économique qui commerce avec les Japonais et les Portugais. Il y arrive en mars 1626 et en quelques mois maîtrise suffisamment le vietnamien pour prêcher dans cette langue. Le 12 mars 1627, en compagnie du jésuite Pedro Marques, Alexandre de Rhodes embarque pour le Tonkin. Il y est envoyé par ses supérieurs pour assister le jésuite italien Giuliano Baldinottiqui éprouve de grandes difficultés à maîtriser le vietnamien. La première église du Tonkin est érigée non loin de Thanh Hóa. Néanmoins, la prédication se trouve vite compromise par le conflit qui éclate, motivé par l’opposition des missionnaires à la polygamie et avivé par des rumeurs d’espionnage propagées par les mandarins au service du roi. Placé en résidence surveillée à Hanoi en janvier 1630, Alexandre de Rhodes est banni en mai par l’empereur Trịnh Tráng, sous la pression de ses concubines. Ne pouvant rentrer en Cochinchine, d’autant plus défavorable aux religieux chrétiens qu’elle les imagine devenus des espions du Tonkin, Alexandre de Rhodes retourne à Macao où il enseignera pendant près de 10 ans la théologie morale.

10Entre 1640 et 1645, de Rhodes entreprendra quatre voyages vers la Cochinchine comme supérieur des missions (janvier-septembre 1640, décembre 1640-juillet 1641, janvier 1642-septembre 1643, janvier 1644-juillet 1645). La plupart du temps, il devra travailler dans la clandestinité, en raison de l’hostilité des autorités locales. Expulsé de Cochinchine le 3 juillet 1645, il débarque à Macao 20 jours plus tard. En vue d’obtenir davantage de soutien de la part du Saint-Siège, on demande à Alexandre de Rhodes de partir à Rome plaider la cause des Missions d’Asie. Avant son départ, il initie ses successeurs, Carlo della Roca et Metello Sacano, à la langue vietnamienne.

11Parti de Macao le 20 décembre 1645, accompagné d’un jeune chrétien chinois, il n’atteindra Rome que le 27 juin 1649, après bien des vicissitudes. Arrivé à Rome, il expose la situation de l’Église en Cochinchine et au Tonkin et sollicite le soutien du Vatican pour l’établissement de missions auprès de la Propaganda Fide (Propagande de la foi). Il plaide pour la formation d’un clergé autochtone et réclame la nomination d’un évêque in partibus pour la Cochinchine et le Tonkin, s’opposant ainsi à la domination politique et religieuse de patronage portugaise, le padroado.

12Il quitte Rome le 11 septembre 1652, chargé par la Propagande de trouver les personnes et les fonds nécessaires pour remplir sa mission. Il parcourt le Piémont et la Suisse puis rejoint Paris en janvier 1653. Là, il rencontre le Père Jean Bagot, jésuite bien introduit dans les milieux du pouvoir qui avait été confesseur du jeune Louis XIV. C’est parmi les disciples du Père Bagot qu’il trouve des volontaires pour partir au Tonkin et en Cochinchine, notamment François Pallu qui sera l’un des trois vicaires apostoliques nommés en 1658 par le pape pour les missions d’Asie, acte fondateur des Missions étrangères de Paris (MEP). D’autre part, la Compagnie du Saint-Sacrement, soutenue par Anne d’Autriche, Saint Vincent de Paul et Bossuet, donne les financements nécessaires au projet d’Alexandre de Rhodes. Mais ce projet risquait d’envenimer les relations entre le Pape, le roi du Portugal et la Compagnie de Jésus. Mis en disgrâce, il est envoyé en Perse en novembre 1654 où il s’initie immédiatement à la langue. C’est là qu’il meurt en novembre 1660.

13Les haltes, dans l’itinéraire d’Alexandre de Rhodes, sont donc des occasions d’apprendre des langues. Alexandre de Rhodes connaissait 12 à 13 langues : le français et le provençal, ses langues maternelles, le latin, le grec, l’italien et peut-être l’hébreu, le portugais, l’espagnol, le canarin, le chinois, le japonais, le perse et le vietnamien, langues « qu’il pouvait presque toutes parler couramment » (Cadière 1915 : 239). Alexandre de Rhodes était modeste. À son arrivée au Viêt Nam, il avoue sa perplexité :

Pour moi, je vous avoue que quand je fus arrivé en la Cochinchine, et que j’entendis parler les naturels du pays, particulièrement les femmes, il me semblait entendre gazouiller les oiseaux et je perdis l’espérance de le pouvoir jamais apprendre. (De Rhodes 1854 : 79.)

14Mais s’il était dépourvu de fatuité, il avait cependant pour l’étude des langues « une facilité merveilleuse » (Cadière id.) Il ne tarde pas à maîtriser le gazouillis des oiseaux :

Je commençai à prendre à cœur cet emploi : on me donnait tous les jours des leçons que j’apprenais avec autant d’application que j’avais autrefois appris la théologie à Rome, et Dieu voulut que dans quatre mois j’en sus assez pour entendre les confessions, et dans six mois je prêchai en la langue de la Cochinchine, ce que j’ai continué pendant beaucoup d’années ». (Alexandre de Rhodes 1854 : 67.)

15Le Père de Rhodes était donc bien armé « pour démêler, reconnaître, différentier et noter par des signes appropriés les divers sons, parfois si voisins, si fuyants de la langue « annamite ». (Cadière id.)

16Six portraits du Père de Rhodes ont été conservés, un chez les jésuites de Florennes, en Belgique, un au Séminaire des MEP, une copie de ce dernier à Marseille, dans un lieu inconnu, un au Musée Calvet à Avignon, une copie de ce tableau au Musée Khải Định à Hué. Ces portraits présentent peu de différences. En revanche, ils ont un point commun selon le Père Cadière qui « […] croit bien que nous n’avons pas les traits véritables du Père de Rhodes […] mais une image passe partout, rendant sans souci de l’exactitude des traits individuels, l’idée en général du missionnaire chrétien, en Extrême-Orient, tel qu’on le concevait au xviie siècle » (Cadière 1938 : 45).

Fig. 1 : Alexandre de Rhodes
Fig. 1 : Alexandre de Rhodes
©Fonds iconographique des Archives des Missions Étrangères de Paris

Alexandre de Rhodes et le quốc ngữ


17Le Dictionarium Anamiticum Lusitanum et Latinum et le Catechismus Pro iis qui volunt suscipere Batismum, publiés à Rome en 1651, sont, en effet, deux ouvrages fondamentaux et irremplaçables, qui posent les bases de la romanisation du vietnamien et nous permettent en outre de connaître l’état de la langue vietnamienne au xviie siècle et son évolution. Nous nous intéresserons, dans cet exposé, au seul dictionnaire.

18Quand Alexandre de Rhodes a-t-il rédigé son dictionnaire ? Sans doute pendant ses séjours au Viêt Nam. Mais les sept ans qu’il y passa en totalité furent ponctués de va et vient, de départs et de retours. Si l’on ajoute qu’il était sollicité par les tâches d’organisation de la mission et qu’il vécut souvent dans la clandestinité où la semi clandestinité, situation peu propice à la recherche lexicographique, on peut faire l’hypothèse, avec le pasteur Bordreuil, qu’il travailla sur le dictionnaire pendant son long séjour à Macao, de 1630 à 1640 :

Bien qu’il n’en parlât pas dans son ouvrage, nous pensons que le Père de Rhodes mit à profit les dix années de calme intellectuel, sinon pour rédiger, du moins pour jeter les bases de deux ouvrages capitaux à l’usage des catéchistes annamites et des missionnaires : nous voulons parler de son catéchisme et de son dictionnaire. (Bordreuil 1954 : 79.)

19D’autre part, son séjour à Rome lui permit de mener à bien les tâches matérielles de publication de son ouvrage.

20Le Père Lèopold Cadière, expert en la matière, souligne sa grande maîtrise de la langue :

  • 5 À ce titre, la lecture des ouvrages de Nguyễn Tân Hung(2011) et de Phan Đình Cho (1998), aurait en (...)
Pour tout ce qui concerne l’ « Annamite », le dialecte du Tonkin et celui de la Cochinchine n’avaient pas de secret pour lui. Ajoutons qu’il nous donne sur l’état ancien de la langue annamite, sur des mœurs et des coutumes aujourd’hui disparues, des renseignements qu’on ne trouve nulle part ailleurs.5 Ajoutons que pour le sens des mots l’ouvrage est d’une sûreté impeccable, et que les notions de grammaire qu’il a ajoutées à son dictionnaire dénotent une compréhension très profonde du mécanisme parfois compliqué et subtil de la syntaxe annamite. (Cadière 1915 : 238-39.)

21Linguae Annamiticaeseu Tunchinensis Brevis Declaratio, le précis de grammaire vietnamienne de 31 pages, qui figure à la fin de son dictionnaire « donne un aperçu sommaire sur le fonctionnement de la langue vietnamienne. Il consacre 6 chapitres sur 8 au traitement du problème de la classification des mots en vietnamien » (Lê Thị Xuyến, Phạm Thị Quyên, Đỗ Quang Việt & Nguyễn Văn Bích 2004 : 143-144).

22Ces chapitres, si on les traduit du latin, sont les suivants :

  • Lettres et syllabes dont se compose la langue (chapitre 1) ;
  • Accents et autres signes dans les voyelles (chapitre 2) ;
  • Les noms et les adjectifs et les adverbes (chapitre 3) ;
  • Les pronoms (chapitre 4) ;
  • Autre pronoms (chapitre 5) ;
  • Les verbes (chapitre 6) ;
  • Les particules indéclinables en vietnamien (chapitre 7).

23Alexandre de Rhodes utilise cependant des notions grammaticales utilisées dans la langue latine, comme le cas, le temps ou le mode, par exemple.Ce point de vue a été critiqué par les linguistes vietnamiens :

La lecture de l’introduction sur les « parties du discours » nous donne l’impression que la langue vietnamienne est identique à la latine. L’auteur cherche par tous les moyens à insérer les mots vietnamiens dans le cadre déjà fixé des mots de sa langue. On peut y retrouver les notions grammaticales utilisées pour une description de la langue latine comme le cas, les temps et modes, le nombre, le genre, les prépositions. (Ibid. : 150.)

24Pour mettre au point son dictionnaire, Alexandre de Rhodes s’est peut-être servi des premiers travaux de romanisation de la langue japonaise (romaji) de Yajiro, un japonais converti du milieu du xvie siècle, mais ses vrais précurseurs sont les jésuites venus du Portugal. Dans l’avis au lecteur de son dictionnaire, Alexandrede Rhodes reconnaît d’ailleurs sa dette envers ses prédécesseurs. Il dit avoir travaillé sur la base d’un dictionnaire vietnamien-portugais composé par Gaspar do Amaral et d’un dictionnaire portugais-vietnamien dû à Antonio Barbosa.Mais son premier maître fut Francisco de Pina, encore un Portugais. Pina avait élaboré dès 1622 un système de transcription alphabétique adapté à la phonétique et aux tons de la langue vietnamienne, composé un florilège de morceaux choisis et commencé à rédiger une grammaire (Jacques 1998 : 37). En 1624, Pina ouvre la première école de langue vietnamienne pour les étrangers, avec notamment deux élèves, Antonio de Fontes et… Alexandre de Rhodes.

25De ce fait, on constate, sans étonnement, que les conventions phonétiques du quốc ngữ révèlent une influence du portugais qui n’est sans doute pas étrangère au fait que, entre 1615 et 1788, sur les 145 jésuites qui résidèrent au Viêt Nam on dénombre 74 Portugais contre 30 Italiens, 5 Français et 4 Espagnols. En effet, l’alphabet vietnamien est une adaptation du vietnamien à l’alphabet latin utilisé dans les langues romanes parlées par les missionnaires. Pour la notation des tons ont été employés des signes utilisés en grec, le tilde pour noter le ton ngã, le point d’interrogation suscrit pour noter le ton hổi, on a ajouté un point souscrit pour noter le ton nạng. Dans cette transcription, Nguyễn Phú Phong, à la suite d’A.G Haudricourt, souligne le poids de la langue portugaise : en effet, viennent du portugais les consonnes, gi, ch, x, nh, et les voyelles â, ê, ô (Haudricourt 1949 : 61 ; Nguyễn Phú Phong 2001 : 13-17).

26Le jésuite portugais et Alexandre de Rhodes ont donc mis au point l’écriture alphabétique du vietnamien, mais cela ne signifie pas qu’ils ont ignoré le chữ nôm, bien au contraire. Le chữ nôm a largement été utilisé pour l’évangélisation, sous forme de catéchismes, d’histoires des saints, de recueils de paroles saintes. Un missionnaire italien Girolamo Majorica a signé 48 œuvres différentes, constituant un ensemble de 4 200 pages. (Lê 1995 : 60-61). En effet, comme, le souligne Roland Jacques, l’écriture romanisée est avant tout destinée à l’instruction et à l’usage des missionnaires :

Elle leur fournissait une interface fort commode avec la langue orale ; en outre elle leur offrait un moyen d’échange intellectuel et de communication écrite avec les principaux dirigeants vietnamiens de la communauté chrétienne, dont on exigeait dans ce but l’apprentissage de la nouvelle écriture. Cette situation, caractérisée par une diffusion très restreinte du quốc ngữ, évoluera très lentement à partir du milieu du xviiie siècle. Alors seulement, l’écriture alphabétique commencera à se répandre davantage dans la communauté chrétienne ; ce sera pour des raisons de sécurité face à un régime inquisitorial et peut être aussi à cause de sa commodité d’emploi. (Jacques 1998 : 51.)

27Mais la mise au point du quốc ngữ n’est pas le seul fait des missionnaires européens, ils n’auraient pu accomplir cette tâche sans l’aide des chrétiens vietnamiens, les catéchistes, les frères et, bien sûr, les prêtres. C’est d’ailleurs à eux que l’on doit les premières œuvres en prose vietnamienne, écrite dans une langue « vulgaire » et transcrites en alphabet latin : en 1659, l’Histoire du pays d’Annam(Lịch sừ An Nam) de Bento Thienen 1822 le Carnet de notes et de divers faits (Sổ ghi nhớ vá chép việc), rédigé à Lisbonnepar le jésuite Philippe Bình. Le rôle considérable constamment joué par les lettrés vietnamiens dans cette entreprise lexicographique est injustement ignoré. Ces collaborateurs « indigènes » restent trop souvent dans l’anonymat. Seuls quelques témoignages font état de cette collaboration. Francisco de Pina fut aidé par un jeune lettré vietnamien baptisé du nom de Pero et « meilleur écrivain des lettres chinoises » (Jacques 2004 : 3). Alexandre de Rhodes exprime sa dette de reconnaissance en termes émouvants :

Celui qui m’aida merveilleusement fut un petit garçon du pays qui m’enseigna dans trois semaines tous les divers tons de la langue et la façon de prononcer tous les mots ; il n’entendait pas ma langue, ni moi la sienne, mais il avait un si bel esprit qu’il comprenait incontinent tout ce que je voulais dire ; et en effet, en ces mêmes trois semaines, il apprit à lire nos lettres, à écrire et à servir la messe ; j’étais étonné de voir la promptitude de cet esprit et la fermeté de sa mémoire. (De Rhodes 1854 : 89.)

28Mgr Pigneaux de Behaine, qui composa son dictionnaire à Pondichéry entre juin 1772 et juin 1773, réalisa ce travail avec l’aide de huit lettrés cochinchinois.

De la Mission catholique à la généralisation du quốc ngữ


29Pigneaux de Behaine appartenait aux MEP. En effet, ce sont les prêtres des Missions étrangères, successeurs des jésuites, qui poursuivirent la mise au point du quốc ngữ. Le Dictionnarum Annamitico-Latinum de Pigneaux de Behaine est le premier dictionnaireincluantles caractères romanisés et les caractères vietnamiens, les chữ nôm, que le dictionnaire d’Alexandre de Rhodes ne prenait pas en compte. En rationalisant le système consonantique et celui des tons, il révise, corrige et enrichit le dictionnaire d’Alexandre de Rhodes. Mgr Tabert utilise le dictionnaire manuscrit de Pigneaux de Behaine et le fait imprimer en 1838 à Serampore, au Bengale, sous le titre Dictionarium annamitico latinum. Ce dictionnaire dans lequel « l’apport de Mgr Tabert est mal défini […] enferme environ 10 000 termes, avec l’exposé détaillé des divers sens de chaque terme » (Moussay n.p. : 2).

30En 1868, le Père Legrand de la Liraye fait éditer son Dictionnaire élémentaire Annamite-Français. Le dictionnaire annamite-latin de Mgr Tabert est révisé et complété par Mgr Joseph Theurel, vicaire apostolique du Tonkin occidental, mais il meurt en 1868, avant de mener à bien son projet. Le père Charles Lesserteur termine le travail et fait publier le dictionnaire par les presses de la Mission de Kể-So, en 1877. Le Père Génibrel, des MEP, fait publier en 1898 son grand dictionnaire, un Dictionnaire Annamite-Français. Du début du siècle à 1928, plusieurs missionnaires des MEP publièrent une série de petits lexiques : ceux des Pères Ravier, Dronet, Pilon, Barbier, Masseron. En 1937 paraît le volumineux Dictionnaire Annamite-Chinois-Français du Père Hue, MEP (Moussay ibid. : 3)

31Cette œuvre lexicographique des missionnaires est couronnée par la parution, en 1957, du Dictionnaire Vietnamien-Chinois-Français du Père Eugène Gouin, réédité en 2002 par les éditions You Feng, qui reste un dictionnaire de référence, même si les dictionnaires plus récents ont pris en compte l’évolution du vietnamien écrit et parlé. Il faudrait y ajouter les grammaires, les ouvrages et les nombreux articles traitant de phonétique ou de linguistique. Ainsi, si les missionnaires ont traduit peu d’œuvres littéraires, à l’exception des contes, ils ont forgé la majorité des outils de traduction. En dehors des missionnaires, il faut signaler la contribution lexicographique importante de Georges Cordier qui fait publier en 1930 son Dictionnaireannamite-français à l’usage des élèves et des annamitisants.

32C’est aussi par le filtre des milieux catholiques, plus enclins à collaborer avec les conquérants, que passera aussi le quốc ngữ, notamment grâce aux écrits de deux grands érudits, Huỳnh Tịnh Của (1834-1907) et Trương Vĩnh Ký (1837-1898). Le premier, gouverneur de province, traduit les décrets des autorités de Saigon, vulgarise le quốc ngữ dans le premier journal en langue vietnamienne et en alphabet latin le Journal de Gia Dinh (Gia Định Báo), publie des contes et légendes recueillis entre 1880 et 1887, compose, en 1897, un dictionnaire de la langue vietnamienne, sur le modèle des dictionnaires de la langue française. Le second, artisan de la propagation du quốc ngữ,est Trương Vĩnh Ký. Génie polyglotte, il est réputé avoir appris au Siam, le siamois, le birman, le laotien, le cambodgien et le chinois, au Séminaire de Pénang, à Singapour, le japonais, l’hindi, le grec, le latin, le portugais et le français. En 1863, il accompagne Phan Thanh Gỉan, en qualité de secrétaire interprète de la commission d’ambassade envoyée à Paris pour le rachat des trois provinces cédées à la France. Nommé à son retour directeur du Collège des interprètes, et professeur au Collège des stagiaires il obtient, en 1865, la suppression des concours littéraires sino-vietnamiens en Cochinchine, avant de devenir, en 1866, ministre à la cour de Hué. De l’œuvre imposante de ce polygraphe, historien, essayiste politique, prosateur, poète et traducteur, il faut reconnaître, pour notre propos, la première grammaire vietnamienne écrite par un vietnamien, un Petit dictionnaire franco-annamite etla translittération en quốc ngữ de quelques uns des chefs d’œuvres de la littérature en chữ nôm, tels le Kim Vân Kiều et le Lục Vân Tiên, la rédaction de récits en prose, notamment Voyage à Hanoi, publié en 1887. En matière de littérature romanesque, c’est aussi dans l’orbite du catholicisme que fut rédigé « le premier récit moderne où le “moi” est en jeu, rédigé en prose et en quốc ngữ à la manière occidentale, et décrivant des personnages de l’époque avec leur vie intérieure, familiale et sociale » (Phạm Đan Bình 1993 : 57.) Il s’agit de Truyện Thầy Lazarô Phiền (Histoire de Lazaro Phiên) de Nguyễn Trọng Quản, éditée à Saigon en 1887 par J. Linage. Le sujet, le milieu et les personnages sont catholiques : le héros, Lazare Phien, cherchera refuge dans la vie religieuse après avoir tué, pour avoir cru à une lettre trompeuse, sa jeune épouse et son meilleur ami (Phạm Đan Bình id.).

33Au xxe siècle, les contributions des auteurs vietnamiens se multiplient, bien au-delà des milieux catholiques. En ce qui concerne les langues française et vietnamienne parmi les dictionnaires les plus utilisés, il faut citer le dictionnaire vietnamien-français de Lê Khả Kế et le dictionnaire français-vietnamien de Lê Khả Kế et Nguyễn Lân.

34Les outils linguistiques des missionnaires ont été d’une aide précieuse pour les colonisateurs. En effet, une nécessité pratique motivait les acteurs de la colonisation, apprendre la langue des colonisés et former des interprètes, relais de transmission des conquérants. Ils s’appuyèrent pour ce faire sur les missionnaires. En effet, le Collège des interprètes de Saigon, qui dès 1861 comptait un millier d’inscrits, n’était que la transformation de l’école secondaire d’Adran où les missionnaires enseignaient à 40 élèves le quốc ngữ et le latin (Phạm Đan Bình ibid. : 131). La même année, tout juste trois ans après l’intervention de la France, l’officier de marine Gabriel Aubaret publie, en quốc ngữ, un Vocabulaire français-annamite et annamite-français, suivi en 1867 d’une Grammaire annamite. Le français succède au latin mais le caractère instrumental de l’entreprise demeure. Dans cette perspective, comme le souligne Paulin Vial, directeur de l’Intérieur de la Cochinchine, l’usage des caractères est un obstacle au bon fonctionnement de l’administration coloniale et à la bonne communication entre français et vietnamiens :

Dès les premiers jours on a reconnu que la langue chinoise était une barrière de plus entre nous et les indigènes ; l’instruction donnée par les moyens carachérioglyphiques nous échappait complètement ; cette écriture ne permet que difficilement de transmettre à la population les notions diverses qui lui sont nécessaires, au niveau de leur nouvelle situation politique et sociale. (Lettre de Paulin Vial adressée au Gouverneur de Saigon le 15 Janvier 1878 in Bouchot 1927 : 48.)

35Aussi, dès le 22 février 1869, un arrêté du gouvernement de la Cochinchine rend obligatoire l’emploi du quốc ngữ dans les documents administratifs.

36En dehors des agents de l’administration coloniale et des personnes qui y sont liées d’une manière ou d’une autre, cette écriture est d’abord rejetée par les Vietnamiens. Pour certains lettrés patriotes c’est l’écriture des conquérants, c’est-à-dire des barbares. L’un d’entre eux, Nguyễn Bá Học (1857-1921), avant de devenir l’un des meilleurs nouvellistes de la revue Nam Phong Tạp Chí (Vent du Sud), mis dans l’obligation, pour trouver un emploi, d’apprendre le quốc ngữ, en éprouve de la honte :

Généralement je n’osais pas apprendre à haute voix ; qu’un visiteur vint à la maison, vite je cachai le manuel dans ma poche comme s’il se fût agi – ce manuel contenait les 24 lettres de l’alphabet latin – d’un livre secret, d’un manuel prohibé. (Nguyên Văn Hoàn 1984 : 80.)

37Cependant, au début du xxe siècle, toute une série de facteurs poussent les patriotes vietnamiens à faire du quốc ngữ un des outils de la lutte pour l’indépendance nationale. La signature, en 1884, du traité Patenôtre qui reconnaît la domination française sur tout le Vietnam, la mort, en 1895, de Phan Đình Phùng, qui marque la fin du mouvement de résistance royaliste, entraînent l’apparition d’une nouvelle génération de nationalistes dont les deux leaders sont incontestablement Phan Bội Châu et Phan Châu Trinh. Ils prennent connaissance des œuvres de Descartes, Montesquieu, Voltaire et Rousseau par les traductions chinoises et s’inspirent des livres nouveaux des réformateurs chinois comme Kang Yeou Wei et Liang Tchou. Les victoires du Japon sur la Chine en 1895, sur la Russie en 1905, poussent Phan Bội Châu à préconiser le « voyage vers l’Est », c’est-à-dire le Japon où des étudiants vietnamiens partent clandestinement suivre les cours des écoles « occidentales » fondées par les japonais. Mais ces étudiants seront chassés du pays à la suite d’un accord franco-nippon. Phan Châu Trinh met en avant les principes de la Révolution française pour argumenter la lutte anticoloniale. Aussi les deux « Phan » font-ils partie du groupe de lettrés qui, au nom de la modernisation et de la critique du néo-confucianisme, ouvrent en 1907 l’école de la Juste Cause (Đông Kinh Ngĩa Thục) qui se propose d’enseigner gratuitement le quốc ngữ et depromouvoir la modernisation de la culture vietnamienne. Après neuf mois seulement, l’école fut dissoute par l’administration coloniale, ses dirigeants, ses animateurs et ses partisans arrêtés et emprisonnés, notamment au bagne de Poulo Condor. Mais ses méthodes et sa doctrine avaient déjà fait tache d’huile dans le pays. Désormais, quốc ngữ, modernisation et indépendance sont indissociables :

Ayant reçu le baptême des mains des patriotes le quốc ngữ n’était plus « les lettres à eux » (les français, les pères catholiques), mais l’enfant né de la langue vietnamienne et jouissant désormais de la considération et de l’estime du peuple vietnamien. (Nguyễn Văn Hoàn : 1984 82.)

38Cette victoire du quốc ngữ est indissociable de la disparition des concours triennaux, mode de recrutement traditionnel des mandarins vietnamiens. Dès le règne de Tự Đức, ils cessèrent d’être organisés en Cochinchine. Les deux derniers furent organisés à Nam Đình en 1915 et à Hué en 1919. La suppression des concours triennaux accélère non seulement le recul de l’étude des idéogrammes mais traduit encore une profonde mutation culturelle :

Les concours littéraires sont désormais concurrencés par les nouvelles filières scolaires, puis peu à peu dévalorisés puisqu’ils débouchent de moins en moins sur les nouvelles voies de la promotion sociale. (Brocheux & Hémery 2004 : 218.)

39Les lettrés modernistes sont d’ailleurs partisans convaincus du quốc ngữ :

Les lettrés vietnamiens en viennent à leur tour à considérer le quốc ngữ comme un instrument efficace pour diffuser la Nouvelle pensée, les Nouvelles lettres et les nouveaux manuels auprès des masses […] Cette adoption du quốc ngữ s’accompagne d’un début de diffusion d’ouvrages modernistes publiés sous leur responsabilité et dans le cadre des actions culturelles et éducatrices. (Trinh Văn Thảo 2007 : 207.)

40Le choix du quốc ngữ par les vietnamiens est indissociable d’un mouvement d’alphabétisation de masse. Selon David Marr, cité par Pham Đán Bình, 88 manuels différents ont été édités entre 1920 et 1940, en 364 éditions, totalisant 3,7 millions d’exemplaires (Pham Đán Bình 1993 : 135). Ces manuels ont non seulement pour but de vulgariser le quốc ngữ, mais encore de lutter contre l’illettrisme. En 1926, selon Georges Garros, cité par Phạm Đan Bình (id.) il n’y avait que 200 000 écoliers pour trois millions d’enfants en âge scolaire. En 1938, pour palier la défaillance des pouvoirs publics, est créée l’association pour la vulgarisation du quốc ngữ qui, vers 1945, recrute 1971 enseignants pour 59 827 apprenants et distribue 175 000 abécédaires (ibid. : 136). Cette campagne contre l’illettrisme est généralisée par le Front révolutionnaire. « Entre septembre 1945 et décembre 1946, le Service de l’éducation des masses a mobilisé 95665 instructeurs bénévoles pour apprendre à lire et écrire à 2 520 678 personnes. Fin 1958, on pouvait prétendre que 93,4 % de la population des plaines, entre 12 et 50 ans, y sont parvenues. » (id.)

41Le quốc ngữ est donc devenu le véhicule de la modernisation et de l’identité nationale :

L’imagerie populaire montre volontiers le président Hô Chi Minh, lui-même fils d’un lettré patriote, au tableau noir, enseignant aux enfants des campagnes à lire et à écrire leur langue dans l’alphabet romanisé. Le nôm s’effaça jusqu’à disparaître complètement, tandis que l’écriture qui avait été celle des missionnaires et des Français devenait l’écriture unique de tout le monde au Viêt Nam : « l’écriture nationale ». Utilisée dans tout les domaines elle se vit promue au rang de véhicule idéologique. (Jacques 1998 : 51.)

Conclusion


42Au terme de cet exposé, revenons-en à la figure d’Alexandre de Rhodes et à la progressive prise de conscience de son rôle par les autorités vietnamiennes. En effet, après 1975, le rejet de l’épisode colonial entraîne le rejet de l’œuvre d’Alexandre de Rhodes :

La romanisation de l’écriture fut classée comme un acte politique hostile, comme une entreprise de déstructuration culturelle visant à diviser la communauté nationale et à imposer une domination étrangère. (Ibid. : 24.)

43Dans cette logique, le mémorial d’Alexandre de Rhodes fut enlevé :

Mais malheureusement, le monument disparut un jour, il y a une trentaine d’années. Qui l’enleva ? Nul ne le sait ! Acte politique ou simple vandalisme, le mystère reste entier. La stèle, donc, bien que volumineuse, disparut de son piédestal… Un temps, on la revit dans l’échoppe d’un serrurier qui s’en servit comme… enclume. Puis une marchande de thé l’utilisa comme comptoir – bien pratique pour boire et se cultiver à la fois ! Certains la virent même au bord du fleuve Rouge […] Dans les années 1980, l’espace dédié à Alexandre de Rhodes vit l’érection d’un superbe monument révolutionnaire blanc immaculé, à la gloire des patriotes : trois grandes statues de combattants, dont une femme. Sur le piédestal, cette inscription : « Prêts à se sacrifier pour la Patrie. » (Le courrier du Viêt Nam, 4 juillet 2004 : 7.)

44Il faut attendre 1993 pour qu’Alexandre de Rhodes soit réhabilité. Cette année-là, le Club des historiens organisa un débat sur Alexandre de Rhodes et le professeur Nguyễn Lân évoqua le mémorial du Français. Pour lui, il n’aurait jamais dû être abattu. Le courrier du Viêt Nam commente en ces termes cet « enlèvement » : 

Cet acte révélait une certaine étroitesse d’esprit, une méconnaissance totale de l’histoire et, de toute manière, c’était indigne de notre peuple. Et Alexandre de Rhodes n’a-t-il pas aussi œuvré pour le peuple vietnamien ? L’écriture romanisée, d’apprentissage beaucoup plus facile que les idéogrammes, a favorisé l’accès au savoir et à l’information de larges pans de la population [...] Et le missionnaire était aussi un humaniste, proche de la population. (Id.)

45Le temps était venu de redonner à Alexandre de Rhodes un espace de mémoire au cœur de la capitale vietnamienne. Le professeur Nguyễn Lân proposa d’élever un buste devant l’université de pharmacie de Hanoi. Mais il est aussi possible de remettre en place la vieille stèle qui est maintenant entreposée dans les locaux du Comité de gestion des vestiges historiques et des sites touristiques de la capitale. En 1995, le Centre des sciences sociales et humaines organise un colloque sur la vie et l’œuvre du missionnaire français. Dans son intervention relative aux contributions du jésuite au Vietnam, le docteur Nguyễn Duy Quý conclut en ces termes :

Nous comptons déposer la vieille stèle dans l’enceinte de la Bibliothèque nationale. Nous voulons aussi redonner à une rue de Hô Chi Minh-Ville le nom du célèbre missionnaire, débaptisée il y a quelques décennies. (Id.)

46L’œuvre d’Alexandre de Rhodes est donc maintenant reconnue à sa juste valeur par les autorités vietnamiennes.
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Bibliography

Ouvrages et articles

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Dictionarium Anamiticum Lusitanum et Latinum ope Sacra Congregationis de Propaganda Fide in lucem editum ab Alexandro de Rhodes E Societate Iesu ejusdemqu Sacrae Congregationis Missionario Apostolico, Romae, Typis et sumptibus ejusdem Sacr. Congregat. MDCLI (1651), SuperiorumPermissev, 88ff, 450 p., deux colonnes +Linguae Annamiticae sev Tunchinensis bevis Declaratio, p. 1-31.
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Endnote

1 Le quốc ngữ est la transcription en alphabet latin de la langue vietnamienne.
2 L’histoire de la vie d’Alexandre de Rhodes est désormais bien connue. Les articles et les ouvrages qui la retracent s’inspirent pour l’essentiel de l’autobiographie d’Alexandre de Rhodes, parue en 1653 et plusieurs fois rééditée : Divers voyages et missions du P. Alexandre de Rhodes en la Chine et autres Royaumes de l’Orient, avec son retour en Europe par la Perse et l’Arménie. Le tout divisé en trois parties, à Paris, chez Sébastien Mabre-Cramoisy et Gabriel Marbre Cramoisy, M.DC.LIII (1653), IN 4°, carte, pages 82 et 276. En revanche, la plupart des vietnamologues semblent ignorer la biographie la plus fouillée d’Alexandre de Rhodes, due à Daniel Bordreuil, pasteur protestant et vietnamisant. Peut-être parce que sa thèse de maîtrise en théologie, "Étude biographique schématique sur le R.P Alexandre de Rhodes, s.j, (1591-1660) Apôtre de l’empire d’Annam au xviie siècle (avec trois cartes)", (Faculté Libre de Théologie protestante d’Aix-en-Provence, 1954) n’a pas été publiée en ouvrage et que, horresco referens !, il a été missionnaire dans le centre du Viêt Nam. Je ne voulais pas surcharger mon exposé de notes de bas de page, mais que le lecteur sache que le résumé de la vie et des voyages d’Alexandre de Rhodes s’inspire essentiellement de la thèse de Daniel Bordreuil.
3 Le patronyme Rueda, vient de rueda (rouelle), petit disque rouge que les juifs de ces contrées devaient porter sur leurs vêtements à partir du xiiie, cf. Gaide(1927 : 225).
4 Une langue dravidienne proche du Tamoul.
5 À ce titre, la lecture des ouvrages de Nguyễn Tân Hung(2011) et de Phan Đình Cho (1998), aurait enrichi notre propos, mais nous en avons pris connaissance trop tard. Que les auteurs nous en excusent.
Les dictionnaires et grammaires postérieurs au dictionnaire d’Alexandre de Rhodes sont cités par ordre chronologique.Top of page

List of illustrations

Title Fig. 1 : Alexandre de Rhodes
Credits ©Fonds iconographique des Archives des Missions Étrangères de Paris
URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/2921/img-1.png
File image/png, 696k
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References

Bibliographical reference

Alain Guillemin, « Alexandre de Rhodes a-t-il inventé le quốc ngữ ? », Moussons, 23 | 2014, 141-157.

Electronic reference

Alain Guillemin, « Alexandre de Rhodes a-t-il inventé le quốc ngữ ? », Moussons [Online], 23 | 2014, Online since 16 September 2014, connection on 29 October 2017. URL : http://moussons.revues.org/2921 ; DOI : 10.4000/moussons.2921
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About the author

Alain Guillemin

Sociologue de la littérature, membre correspondant de l'Institut de Recherche sur L’Asie (IrAsia). Également correspondant de la revue Riveneuve Continents, il y a coordonné un numéro spécial sur les relations littéraires entre la France et le Viêt Nam, Vietnam, le destin du lotus. Traducteur de l’anglais en collaboration avec Patricia Fogarty d’un ouvrage de Nathalie Huynh Chau Nguyên sous le titre La mémoire est un autre pays. Femmes de la diaspora vietnamienne (Riveneuve éditions, 2013).

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Thursday 3 July 2014

Lịch sử chữ Quốc Ngữ (Trần Gia Phụng - Trung tâm Nguyễn Trường Tộ)

Quốc ngữ là chữ viết chung của dân chúng cả nước. Từ thời Ngô Quyền lập quốc (939), các triều đại cầm quyền đã mượn chữ Nho (chữ Hán) để sử dụng trong hành chánh, học thuật. Dầu vậy, người Việt vẫn nói tiếng Việt, không công nhận chữ Nho là quốc ngữ, và tìm cách sáng tạo ra quốc ngữ cho riêng mình.

Đầu tiên, người Việt dựa trên chữ Nho để chế ra chữ Nôm. Chữ Nôm được ghi nhận chính thức xuất hiện vào thế kỷ 13, khi Nguyễn Thuyên, lúc đó đang là hình bộ thượng thư dưới triều Trần Nhân Tông (trị vì 1279-1293), làm bài văn "Tế cá sấu" bằng chữ Nôm. Vào thời nầy, chữ Nôm được xem là quốc ngữ bên cạnh chữ Nho, nên tập thơ chữ Nôm của Chu Văn An (? - 1370) được ông gọi là Quốc ngữ thi tập (Tập thơ quốc ngữ).(1) Tuy nhiên, chữ Nôm cấu tạo trên căn bản chữ Nho, nên muốn học chữ Nôm thì phải biết chữ Nho tức chữ Hán.(2) Vì vậy chữ Nôm khó học, không phổ thông trong dân chúng, và ít được sử dụng.

Từ thế kỷ 17 trở đi, một thứ chữ mới xuất hiện. Nhờ giản dị, dễ sử dụng, sau ba trăm năm thử nghiệm, thứ chữ nầy càng ngày càng trở nên phổ thông và biến thành quốc ngữ, mà ngày nay người Việt đang sử dụng.

I.- VÌ SAO XUẤT HIỆN QUỐC NGỮ

Từ thế kỷ 16, các giáo sĩ Ky-Tô Tây phương bắt đầu đến truyền giáo tại nước ta. Lúc đầu, các giáo sĩ thuộc nhiều quốc tịch khác nhau, theo các dòng tu khác nhau, thuộc nhiều giáo phận khác nhau, trong đó đông nhất là các giáo sĩ Dòng Tên.(3)

Khi đến Đại Việt bằng tàu thuyền, các giáo sĩ đặt chân đầu tiên lên miền duyên hải. Muốn giảng đạo, các ông không đến rồi đi liền, mà ở lại sống chung dài hạn lẫn lộn với dân chúng. Muốn thế đầu tiên các giáo sĩ phải học nói tiếng Việt để giao tiếp hằng ngày. Tập nói để hiểu được người Việt và làm sao nói cho người Việt hiểu được mình, các giáo sĩ mới có thể bắt đầu truyền đạo.

Khi truyền đạo, các giáo sĩ không phải chỉ nói, mà còn dùng kinh sách để giảng giải. Ngoài kinh sách bằng chữ la-tinh, các giáo sĩ có thể sẵn có Thánh kinh bằng chữ Nho (chữ Hán) do các cơ sở ở Ma Cao cung cấp. [Ma Cao (Trung Hoa) là nơi các dòng tu Ky-Tô giáo La Mã đặt trụ sở để truyền đạo vào Trung Hoa và qua Nhật Bản.] Tuy nhiên ít người trong dân chúng biết chữ Nho, nhất là ở các vùng nông thôn vốn nghèo khổ, ít học.

Vì vậy, để truyền đạo cho người Việt, các giáo sĩ phải viết kinh sách bằng tiếng Việt. Học nói thì không cần chữ nghĩa, nhưng kinh sách thì phải có chữ nghĩa. Không thể dùng chữ Nôm để viết tiếng Việt, các giáo sĩ ký âm thẳng tiếng Việt bằng mẫu tự la-tinh, rồi mới dùng thứ chữ mới ký âm nầy để viết sách giáo lý bằng tiếng Việt. Mẫu tự la-tinh chỉ gồm 24 chữ cái, có thể dùng để lắp ghép thành các từ ngữ trong tiếng Việt, nên thứ chữ mới nầy giản dị, dễ học, dễ viết, dễ sử dụng, dễ truyền bá.

Từ đó, các giáo sĩ và những người Việt tân tòng hoặc học đạo với các giáo sĩ, đã hợp tác và tạo nên một thứ chữ mới vào thời đó, mà học giả Pétrus Ký, tức Trương Vĩnh Ký gọi là "quốc ngữ" trong một bài viết trên Gia Định Báo ngày15-4-1867.(4)

II.- CÁC GIAI ĐOẠN HÌNH THÀNH QUỐC NGỮ

GIAI ĐOẠN 1: NHU CẦU TRUYỀN ĐẠO CỦA CÁC GIÁO SĨ

Các giáo sĩ Ky-Tô La Mã đến Đại Việt để truyền đạo. Vì nhu cầu truyền đạo, các ông sáng chế chữ quốc ngữ chỉ để làm phương tiện phổ biến rộng rãi giáo lý đạo Ky-Tô, chứ không nhắm mục đích tạo nên một thứ chữ mới cho dân Việt sử dụng.

Người có công đầu trong việc sáng chế quốc ngữ là linh mục Francesco de Pina (1585-1625), một giáo sĩ Dòng Tên, người Bồ Đào Nha, đến Đàng Trong năm 1617, từ trần vì đắm thuyền ở vịnh Đà Nẵng năm 1625. Ông là người đầu tiên nói thạo và giảng đạo bằng tiếng Việt. Hợp tác với nhiều người, và đặc biệt, nhờ sự giúp đỡ của một thanh niên Việt có tên đạo là Phê-rô, De Pina đã khởi thảo la-tinh hóa tiếng Việt, soạn thảo một bản văn phạm quốc ngữ, dịch và soạn sách giáo lý đạo Ky-Tô bằng tiếng Việt, mở trường dạy tiếng Việt cho người ngoại quốc.(5a)

Năm 1618, linh mục De Pina cùng với Phê-rô dịch qua tiếng Việt lần đầu tiên Kinh lạy Cha và các kinh căn bản khác trong Ky-Tô giáo La Mã, (5b) có thể xem là khởi đầu cho việc sơ thảo quốc ngữ. Theo lời linh mục De Pina, năm 1622, ông hoàn tất hệ thống chuyển mẫu tự la-tinh thích hợp với cách phát âm và thanh điệu tiếng Việt.(5c) Rất tiếc giai đoạn nầy chưa được nghiên cứu đầy đủ. Bản Kinh lạy Cha được viết tay năm 1632 còn được nguyên bản như sau: (5d)

Trong số các học viên trường tiếng Việt của De Pina, có một người về sau nổi tiếng là Alexandre de Rhodes (1593-1660). Giáo sĩ De Rhodes đến Hội An năm 1624. Ngoài De Pina, De Rhodes còn học tiếng Việt với nhiều người địa phương, trong đó có một thiếu niên 13 tuổi ở Hội An, sau De Rhodes nhận làm con nuôi, và người nầy trở thành thầy giảng Raphael Rhodes. Năm 1645, A. de Rhodes bị trục xuất ra khỏi Đàng Trong, về Ma Cao.

Alexandre de Rhodes qua La Mã năm 1950. Năm 1651, tại La Mã, ông đứng tên tác giả, ấn hành hai bộ sách. Thứ nhất là Catechismus pro ijs, qui volunt suscipere Baptismum, in octo dies divisua (Giáo lý dành cho những ai muốn chịu Phép Rửa, chia ra tám ngày).(6) Thứ hai là Dictionarium Annamitcum Lusitanum et Latinum (Từ điển Việt - Bồ - La).(7)

Vì Alexandre de Rhodes gốc Pháp, nên người Pháp đã ca tụng ông như là nhà sáng chế chữ quốc ngữ, để kể công "khai hóa" của thực dân Pháp. Thật ra, người đầu tiên sáng chế chữ Quốc ngữ là linh mục Francesco de Pina, rồi đến nhiều giáo sĩ khác, trước khi De Rhodes đến Đại Việt. Trong lời "Cùng độc giả" vào đầu quyển từ điển năm 1651, A. de Rhodes cũng xác nhận:

"Tôi cũng sử dụng những công trình của nhiều cha khác cùng một Hội Dòng, nhất là của cha Gaspar de Amaral và cha Antonio Barbosa, cả hai ông đều đã biên soạn mỗi ông một cuốn từ điển: ông trước bắt đầu bằng tiếng An nam, ông sau bằng tiếng Bồ Đào Nha, nhưng cả hai ông đều đã chết sớm. Sử dụng công khó của hai ông, tôi còn thêm tiếng La-tin theo lệnh của các hồng y rất đáng tôn kính…"(8)

Nói cho cùng, sự hình thành quốc ngữ không phải do công sức cá nhân của một giáo sĩ, mà là công sức tập thể của nhiều giáo sĩ thuộc nhiều nước khác nhau, nhiều thế hệ khác nhau, đã đến truyền đạo Ky-Tô tại Đại Việt, cộng với sự đóng góp lớn lao âm thầm của rất nhiều giáo sĩ và thường dân Việt.

Từ đây quốc ngữ được sử dụng càng ngày càng rộng rãi trong các giáo đường, các tu viện Ky-Tô giáo Đại Việt. Một số giáo sĩ Việt bắt đầu dùng quốc ngữ để viết thư, kể cả thư cho những giáo sĩ nước ngoài. Hai quyển từ điển khác được soạn thảo là Dictionnarium Annamitico Latinum [Từ điển Việt - La tinh] của giám mục Pigneau de Béhaine (Bá Đa Lộc, 1741-1799), cố vấn của Nguyễn Phúc Ánh, soạn xong năm 1772, và Dictionnarium Annamitico Latinum (Nam Việt Dương Hiệp tự vị) của Jean Louis Taberd (1794-1840).

Bộ tự điển của giám mục Bá Đa Lộc còn ở dạng bản thảo, và giám mục Taberd dựa trên bản thảo nầy, để soạn bộ sách của ông và xuất bản ở Ấn Độ năm 1838 khi ông hành đạo tại nước nầy.(9)

Khi đô đốc Rigault de Genouilly đánh chiếm thành Gia Định vào tháng 2-1859, ông thấy rằng các giáo sĩ Ky-Tô La Mã đã thành lập ở đây một trường học lấy tên là "Collège d'Adran".(10) Tại trường nầy, học sinh được học chữ la-tinh, quốc ngữ và một ít chữ Pháp.(11)

GIAI ĐOẠN 2: NHU CẦU CAI TRỊ CỦA NGƯỜI PHÁP

Khi chiếm Gia Định, vì nhu cầu cai trị, phó đô đốc Léonard Charner đưa ra nghị định ngày 21- 9-1861, dùng trường sở Collège d'Adran, thành lập Trường thông ngôn với danh hiệu đầy đủ là "Collège Annamite-Français de Monseigneur l'Évêque d'Adran".(12) Trường thông ngôn chẳng những dạy người Việt học chữ Pháp để làm thông ngôn, mà còn dạy người Pháp học tiếng Việt bằng thứ chữ mới.

Léonard Charner cho mở ngay nhà in và phát hành báo Le Bulletin Officiel de l'Expédition de la Cochinchine (Công báo của đoàn Viễn chinh Nam Kỳ) bằng chữ Pháp, xuất bản số đầu tiên ngày 29-9-1861. Khi Louis Bonard đến thay Charner ngày 29-11-1961, Bonard cho phát hành báo Le Bulletin Des Communes có phần chữ Nho để phổ biến rộng rãi tin tức nơi người Việt và người Hoa lúc đó khá đông ở Gia Định. Bonard dự tính ấn hành một tờ báo tiếng Việt. Tuy nhiên chữ Việt theo mẫu tự la-tinh có nhiều dấu (huyền, sắc, nặng, hỏi, ngã…), nên phải đặt chữ cái để sắp chữ in, đúc ở Pháp, mất hai năm mới xong (1864). Nhờ vậy ngày 15-4-1865, tờ báo tiếng Việt bằng thứ chữ mới, phiên âm theo mẫu tự la-tinh, lần đầu tiên đượïc phát hành tại Sài Gòn là Gia Định Báo.(13) Trên Gia Định Báo số 4, ngày 15-4-1867, Pétrus Ký (1837-1898) đã viết một bài khuyến khích việc học thứ chữ mới, trong đó có đoạn như sau:

"…Thầy Ký dạy học có làm sách mẹo [văn phạm] dạy tiếng Lang Sa [Pháp], có làm ra chữ quốc ngữ [sic] để người ta dễ học. Những người ký lục [thư ký] giỏi cùng siêng năng sẽ lo mà học chữ quốc ngữ vì có hai mươi bốn chữ và viết đặng muôn ngàn chuyện, chữ chi mắc rẻ [khó dễ] cũng viết đặng, không phải như chữ Tàu học già đời mà còn có chữ lạ viết không ra, ở đây có Phủ Tường [Tôn Thọ Tường] đã học đặng chữ quốc ngữ, viết đặng, đọc đặng. Chữ ấy chẳng khó đâu, ra công học một đôi tháng thì thuộc hết…"(14)

Danh từ "quốc ngữ" có thể xuất hiện trước đó trong giới Ky-Tô giáo, nhưng nay mới được Pétrus Ký chính thức "khai sinh" trên Gia Định Báo ngày 15-4-1867. Quốc ngữ lên báo chí, dù lúc đầu chỉ để thông tin, cũng có nghĩa là loại chữ nầy đã khá đầy đủ để diễn đạt chủ trương của nhà cầm quyền Pháp, và bắt đầu trở nên phổ thông, dầu chưa được chính thức áp dụng trong hành chánh. [Về sau, khi quốc ngữ trở thành chữ viết chính thức của người Việt, danh từ "quốc ngữ" dần dần biến mất. Ngày nay người ta không gọi "quốc ngữ", mà chỉ gọi là "Việt ngữ"].

Một chi tiết đáng chú ý là ngành in ấn theo cách lắp chữ kiểu Tây phương,(15) giản dị, nhanh chóng, và tiện lợi hơn rất nhiều so với cách khắc bản gỗ (mộc bản) chữ Nho theo kiểu xưa của Việt Nam. In mộc bản, phải khắc từng chữ Nho chung trong toàn bài văn trên một bản gỗ. In xong, bản gỗ đó không dùng để in sách khác mà phải khắc sách khác từ đầu.

Sự phát triển ngành in đẩy mạnh việc ấn hành sách báo, từ đó làm cho quốc ngữ được truyền bá nhanh chóng vì người ta có thể học vần quốc ngữ bằng sách báo, đồng thời làm bùng nổ nền văn học quốc ngữ.

Trong khi đó, khoa thi hương (Nho học) năm 1861 (tân dậu) cho toàn thể Nam Kỳ lục tỉnh tại Gia Định bị bãi bỏ vì tình hình biến động. Gia Định mất năm 1862 nên khoa thi hương năm 1864 (giáp tý) ở Nam Kỳ được tổ chức tại Cần Thơ (huyện Vĩnh Định, tỉnh An Giang).(16) Sau đó, Pháp chiếm toàn bộ Nam Kỳ năm 1867, nên các kỳ thi Nho học ở trong Nam hoàn toàn bị bãi bỏ.

GIAI ĐOẠN 3: CHỮ VIẾT CHÍNH THỨC

Tại Nam Kỳ: Toàn bộ Nam Kỳ trở thành thuộc địa Pháp từ sau hòa ước Giáp Tuất (18-3-1874). Tại đây, quốc ngữ tiến thêm một bước khá dài nữa, khi phó đề đốc Hải quân Pháp là Louis Lafont, thống đốc Nam Kỳ, ban hành nghị định ngày 6-4-1878, theo đó kể từ 1-1-1882, ở Nam Kỳ, tất cả các giấy tờ như công văn, nghị định, quyết định, bản án, lệnh… đều viết bằng mẫu tự la-tinh, tức chữ Pháp hay Quốc ngữ, chứ không còn viết bằng chữ Nho; và cũng từ 1-1-1882, chỉ những người biết quốc ngữ mới được tuyển dụng vào các cơ quan hành chánh cấp phủ, huyện, tổng.(17)

Ngày ban hành và ngày thi hành nghị định nầy cách nhau gần 4 năm, nghĩa là khoảng thời gian cần thiết để tổ chức giáo dục, chuyển đổi từ việc học chữ Nho qua việc học quốc ngữ. Ngày 17-3-1879, Pháp thành lập Sở Giáo dục công cộng (Service de l'instruction publique) ở Sài Gòn và đưa ra chương trình giáo dục Pháp-Việt bậc tiểu học, gồm có 6 năm học; theo đó trong ba năm đầu, học sinh phải học ba thứ chữ là chữ Nho, quốc ngữ và chữ Pháp; đến ba năm sau, học sinh chỉ còn học quốc ngữ và chữ Pháp.(18)

Nói cách khác, tại Nam Kỳ, bên cạnh chữ Pháp, từ đây quốc ngữ trở thành chữ viết chính thức được sử dụng trong các trường học, sở làm, và báo chí. Một công trình quốc ngữ quan trọng đầu tiên do một thường dân người Việt biên soạn chứ không phải giáo sĩ nước ngoài, là bộ Đại Nam quấc âm tự vị của Paulus Huỳnh Tịnh Của. Bộ sách nầy gồm hai quyển, phát hành liên tiếp hai năm 1895 và 1896 tại Sài Gòn.

Tại Trung và Bắc Kỳ: Pháp bảo hộ Trung và Bắc kỳ bằng hòa ước Giáp Thân (6-6-1884). Những trường trung học đầu tiên Pháp mở ở Trung và Bắc Kỳ như trường Quốc Học Huế (khai giảng ngày 26-12-1896), trường Collège des interprètes (Trường Thông ngôn, mở năm 1904)… đều dạy bằng tiếng Pháp và chương trình Pháp cho học sinh Việt. Triều đình Việt Nam vẫn tiếp tục mở những khoa thi Nho học (thi hương và thi hội) theo định kỳ 4 năm một lần như trước đây.

Riêng ở Bắc Kỳ, toàn quyền Đông Dương ban hành nghị định ngày 6-6-1898 (niên hiệu Thành Thái thứ 10), tổ chức một kỳ thi phụ sau kỳ thi hương truyền thống tại Nam Định. Môn thi gồm tiếng Pháp và quốc ngữ, không có chữ Nho. Những người đậu cử nhân hay tú tài Nho học trong kỳ thi hương, nếu đậu luôn kỳ thi phụ, sẽ được ưu tiên chọn ra làm quan.(19)

Chủ trương "hợp tác" và mở cuộc "chinh phục tinh thần" khi đến làm toàn quyền Đông Dương từ 1902 đến 1908, Paul Beau cho giảng dạy quốc ngữ ở các trường Trung và Bắc Kỳ. Học chế năm 1906 (do quyền toàn quyền Broni chuẩn y) quy định các trường học Việt Nam gồm ba cấp ấu học, tiểu học và trung học. Quốc ngữ được dạy ở cả ba cấp. Ai đậu kỳ thi cuối khóa cấp trung học, được gọi là thí sinh và sẽ được dự kỳ thi hương.(20)

Trong khi đó, các nhà khoa bảng cựu học như Phan Châu Trinh, Trần Quý Cáp, Huỳnh Thúc Kháng, kết hợp với những trí thức cấp tiến lúc đó, mở phong trào Duy tân, vận động cải cách văn hóa, chính trị trên toàn quốc, kêu gọi bãi bỏ Nho học, cổ xúy việc học quốc ngữ để nâng cao dân trí, vì một lý do đơn giản: quốc ngữ dễ học, dễ viết, dễ phổ cập hơn chữ Nho. Các ông vận động mở trường dạy quốc ngữ khắp nước, rầm rộ nhất là ở Quảng Nam (1905), Bình Thuận (trường Dục Thanh, 1907) và Hà Nội (Đông Kinh Nghĩa Thục, 1907). Trong một bài thơ khuyến khích việc học quốc ngữ của Đông Kinh Nghĩa Thục, có đoạn viết:

"… Chữ quốc ngữ là hồn trong nước,
Phải đem ra tỉnh trước dân ta,
Sách các nước, sách Chi-na,
Chữ nào nghĩa ấy, dịch ra cho tường…"(21)

Từ năm 1909, quốc ngữ được đưa vào chương trình thi hương trên toàn Trung và Bắc Kỳ. Trong 4 kỳ (trường) thi hương,(22) đến kỳ thứ 3 (trường 3), thí sinh bắt buộc phải làm 2 đề thi luận: một đề chữ Nho và một đề quốc ngữ. Qua kỳ thi hương năm 1912, đề thi kỳ 3 (trường 3) gồm hai đề quốc ngữ, và kỳ 4 (trường tư) một đề quốc ngữ. Đến kỳ thi hương cuối cùng năm 1918 ở Trung Kỳ, từ kỳ 2 (trường nhì) đến kỳ 4 (trường tư) đều có đề thi quốc ngữ.(23)

Toàn quyền Albert Sarraut (lần thứ hai từ 1917-1919) ra nghị định 21-12-1917 về Quy chế chung về ngành giáo dục công cộng ở Đông Dương (Règlement général de l'instruction publique en Indochine), thường được gọi là "Học chánh tổng quy", áp dụng cho toàn cõi Đông Dương để thay thế cho học chế thời Paul Beau.

Theo tổng quy mới, trong 5 năm bậc tiểu học, thì 3 năm đầu, học sinh học các môn bằng quốc ngữ và chữ Pháp, chữ Nho không bắt buộc; hai năm cuối bắt buộc học các môn bằng chữ Pháp. Riêng 4 năm bậc trung học, mỗi tuần chỉ có 3 giờ quốc văn trong tổng số 27 giờ học mỗi tuần. Đăïc biệt, phần cuối tổng quy nầy định rằng các trường chữ Nho của tư nhân hay của triều đình, kể cả quốc tử giám, đều được xếp vào loại trường tư và phải tuân theo quy chế của chính quyền Pháp.(24) Nói cách khác, tổng quy nầy dẹp bỏ luôn chương trình Nho học. Chính vì vậy, sau khoa thi hưong năm 1915, ở Bắc Kỳ (vùng bảo hộ trực tiếp) không tổ chức thi Nho học nữa, trong khi ở Trung Kỳ (vùng bảo hộ gián tiếp), khoa thi hưong cuối cùng năm 1918 và thi hội cuối cùng năm 1919.

Ba giờ quốc văn quá ít. Dư luận người Việt phản ứng. Bảy năm sau, toàn quyền Martial Merlin (từ 1923-1925) công bố nghị định ngày 18-9-1924, sửa đổi lại học chánh tổng quy của Sarraut. Theo học chế mới, trong ba năm đầu của bậc tiểu học, dạy hoàn toàn bằng quốc ngữ thay vì chữ Pháp hay chữ Nho,(25) nhưng các lớp sau đó dạy bằng chữ Pháp. Việc phổ cập giáo dục tiểu học cho trẻ em bằng quốc ngữ, giúp cho học sinh Việt căn bản quốc ngữ trong đời sống hàng ngày. Như thế học quy Martial Merlin công nhận từ đây quốc ngữ là chữ viết chính thức của người Việt Nam.

Quốc ngữ càng ngày càng phổ thông, giúp dân chúng những hiểu biết sơ đẳng cần thiết trong đời sống, nhất là về phương diện chính trị. Từ năm 1925 trở đi, nhiều đảng phái chống Pháp được thành lập, viết truyền đơn, lời kêu gọi, sáng tác thơ văn yêu nước… đều bằng quốc ngữ.

KẾT LUẬN

Sự hình thành quốc ngữ tiến triển qua ba giai đoạn: 1) Do nhu cầu truyền đạo, các giáo sĩ Tây phương dùng mẫu tự la-tinh phiên âm thiếng Việt và sử dụng thứ chữ mới trong khuôn viên giáo đường. 2) Do nhu cầu cai trị nước ta, Pháp ứng dụng thứ chữ mới nầy trong quần chúng. 3) Do nhu cầu phổ cập giáo dục căn bản cho trẻ em Việt Nam, Pháp đưa quốc ngữ vào chương trình tiểu học từ năm 1924. Quốc ngữ được chính thức công nhận là chữ viết của người Việt.

Cần chú ý là trước khi được trọng dụng, quốc ngữ cũng đã gặp một số phản đối về phía người Việt cũng như về phía người Pháp. Ở Nam Kỳ, một số người Việt cho rằng quốc ngữ phiên âm quá nhiều chữ Nho mà nếu không học trước những chữ Nho nầy thì không hiểu gì cả. Một số người Pháp muốn truyền bá văn hóa Pháp, thì cho rằng quốc ngữ được chế ra từ chữ Bồ Đào Nha, không thể dùng để đọc chữ Pháp và có thể gây cản trở việc học chữ Pháp. Ngày 10-12-1885, báo Le Saigonnais [Người Sài Gòn] đăng một kiến nghị của thân hào bản xứ xin Hội đồng Thuộc địa can thiệp để triệt bỏ quốc ngữ vì thứ chữ nầy vô lý, giả tạo.(26a)

Tại triều đình Huế, thượng thư bộ Học là Cao Xuân Dục hết sức bài bác quốc ngữ, mà theo ông là thứ chữ do Tây [Pháp] đem lại.(26b) Một số nhà Nho cho rằng cách viết quốc ngữ theo mẫu tự la-tinh cắt đứt tiếng Việt với nguồn gốc Hán tự, thiếu ý nhị, không có ý nghĩa tượng hình.(27c) Ngày nay, có người còn cho rằng sự thay đổi chữ viết từ chữ Nho qua quốc ngữ, khiến người Việt lạc mất cội nguồn văn hóa dân tộc cổ truyền.

Thật ra, trong tiến trình hình thành quốc ngữ, không thể đòi hỏi quốc ngữ phải toàn thiện ngay từ đầu, mà cần có thời gian để điều chỉnh và hoàn thiện dần dần. Ngay những thứ chữ như chữ Pháp hay chữ Anh, ngày nay hàng năm cũng có cả hàng ngàn chữ mới được bổ túc vào kho tàng ngôn ngữ của các nước nầy.

Trong khi đó, quốc ngữ giúp phổ biến rộng rãi văn hóa và nâng cao trình độ hiểu biết về mọi mặt cho toàn thể dân chúng, giúp người Việt dễ thích ứng và nhanh chóng bắt kịp tiến bộ khoa học trên thế giới. Nhờ thế, ngày nay người Việt tiếp thu và hội nhập dễ dàng vào hệ thống điện toán thời đại mới.

Trước đây Nho giáo là một triết thuyết chính trị hậu thuẫn cho chế độ quân chủ. Các chế độ quân chủ Việt Nam ứng dụng văn hóa Nho giáo để ổn định xã hội và củng cố chế độ, khiến tinh thần sĩ phu lệ thuộc chẳng những Nho giáo mà cả văn hóa Trung Hoa. Việc bãi bỏ Nho học và thay đổi chữ viết từ chữ Nho (Hán tự) qua quốc ngữ, chấm dứt vĩnh viễn giai đoạn lệ thuộc Nho học và văn hóa Trung Hoa, đồng thời mở ra một chân trời mới có tính cách toàn cầu trước mắt người Việt.

Nhiều nhà Nho dưới chế độ quân chủ, đắm mình lâu đời trong văn hóa Trung Hoa, lầm tưởng rằng văn hóa Trung Hoa là văn hóa dân tộc, và những anh hùng liệt nữ Trung Hoa là khuôn vàng thước ngọc cho xã hội Việt. Các tác giả chữ Nho thời trước thường dùng điển tích về những vua quan, anh hùng, thần thánh, phong tục, tập quán Trung Hoa để làm mẫu mực cho người Việt.

Khi sử dụng quốc ngữ, bước ra khỏi văn hóa Trung Hoa, nhiều người mới tìm trở lại bản sắc văn hóa dân tộc. Từ đây, càng ngày nền văn hóa dân tộc càng được đề cao. Trong nền văn học quốc ngữ, Hai Bà Trưng, Triệu Nữ Vương, Ngô Quyền, Trần Hưng Đạo, Trần Bình Trọng, Lê Lợi, Quang Trung… mới là những anh hùng đích thực, những tấm gương sáng của người Việt.

Cuối cùng, các thời điểm lịch sử cho thấy: Sau năm 1919, chấm dứt Nho học. Nhà cầm quyền Pháp mở trường Pháp, nhưng rất hạn chế. Năm 1924, học chế Martial Merlin quy định dạy quốc ngữ ở bậc tiểu học, nhưng bậc trung học vẫn dạy Pháp văn. Năm 1942, Hoàng Xuân Hãn xuất bản sách Danh từ khoa học, mà theo ông, sách hết ngay sau mấy tháng phát hành. Vua Bảo Đại công bố bản Tuyên ngôn độc lập ngày 11-3-1945 bằng quốc ngữ.(27) Nhà vua ban hành dụ số 67 ngày 30-7-1945 quy định từ học khóa 1945-1946, bậc trung học Việt Nam dạy bằng quốc ngữ. Bộ Giáo Dục - Mỹ Thuật do Hoàng Xuân Hãn làm bộ trưởng, đã đưa ra "Chương trình trung học" hoàn toàn bằng quốc ngữ, trong khi Pháp văn cũng như Anh văn được xếp vào môn sinh ngữ, Hán văn là môn cổ ngữ.(28) Chương trình nầy làm căn bản cho các chương trình trung học về sau.

Như thế ngay từ đầu, quốc ngữ cho thấy sức sống mạnh mẽ, phát triển rất nhanh, và chóng trở nên phổ thông, đồng thời hứa hẹn nhiều tương lai sáng sủa, như nhà văn Nguyễn Văn Vĩnh đã tin tưởng: "Nước Nam ta mai sau này, hay dở cũng ở chữ quốc ngữ."(29)

Trong khi đó, sự xuất hiện của quốc ngữ đưa đến sự hình thành nền văn học quốc ngữ. Trên toàn cõi nước ta, nền văn học quốc ngữ phát triển sớm nhất tại Nam Kỳ vì một lý do đơn giản là tại Nam Kỳ, Nho học được bãi bỏ sớm nhất, quốc ngữ được sử dụng sớm nhất và ngành in ấn phát triển sớm nhất.(30) Nền văn học quốc ngữ đa dạng, phong phú và phổ thông, phát triển nhanh chóng, càng làm tăng giá trị của công trình sáng tạo quốc ngữ.

TRẦN GIA PHỤNG


CHÚ THÍCH

1. Dương Quảng Hàm, Việt-Nam văn-học sử-yếu, in lần thứ bảy, Bộ Quốc Gia Giáo Dục, Sài Gòn, 1960, tr. 106.

2. "Chữ Nôm là thứ chữ hoặc dùng nguyên hình chữ Nho, hoặc lấy hai ba chữ Nho ghép lại để viết tiếng [Việt] Nam " (Dương Quảng Hàm, sđd. tr. 100.) Hoặc "chữ Nôm được cấu tạo trên cơ sở chữ Hán Việt, tức chữ Hán đọc theo âm hán-việt". (Đào Duy Anh, Chữ Nôm, Nguồn gốc, Cấu tạo, Diễn tiến, Hà Nội: Nxb. Khoa học Xã hội, 1973, tr. 51.) Do đó, muốn học chữ Nôm thì phải biết chữ Hán tức chữ Nho, và như thế học chữ Nôm cũng khó không kém gì học chữ Nho, nếu không muốn nói là khó hơn. Có thể vì chữ Nôm khó học, khó viết, nên có hai hệ quả: Thứ nhất chữ Nôm chỉ phát triển trong giới sĩ phu, trí thức, văn thi sĩ ngày xưa mà thôi. Những người nầy vốn đã giỏi chữ Nho, nên học được chữ Nôm, chứ chữ Nôm ít phổ biến rộng rãi trong dân chúng. Có thể nói, trong lịch sử văn học, chưa có một nhân vật nào giỏi chữ Nôm mà không biết chữ Nho. Thứ hai, vì ít được sử dụng và nhất là không được chính thức sử dụng, nên lối viết chữ Nôm không ổn định. Mỗi địa phương dựa theo chữ Nho mà ghép lại thành chữ Nôm địa phương, nên chữ Nôm không thống nhất trên toàn quốc.

3. Dòng Tên (Society of Jesus): Do tu sĩ Ignatius Loyola (1491-1556), người Tây Ban Nha, lập năm 1539, nhắm bảo vệ tính chính thống của giáo quyền La Mã và hỗ trợ công việc truyền giáo ra các nước trên thế giới. Hiệp hội nầy được Paul III (giáo hoàng 1534-1549) thừa nhận. Vì tập tục kỵ húy của người Việt, tín đồ ngày xưa kỵ húy tên Chúa Jesus, nên chỉ gọi hiệp hội nầy là "dòng Tên" tức "dòng đạo mang tên Chúa Jesus". Năm 1541, Ignatius được bầu làm trưởng dòng Tên đầu tiên. Sau khi từ trần, Ignatius được giáo hoàng Gregory XV (giáo nhiệm 1621-1623) phong thánh năm 1622. Lúc nầy, ở Đông Á, Dòng Tên đặt trụ sở chính tại Ma Cao (Trung Hoa). Từ đó, các tu sĩ Dòng Tên truyền qua Nhật Bản và lui tới Việt Nam. [Về việc người Tây phương và các giáo sĩ đạo Ky-Tô La Mã đến nước ta, xin xem chương "Người Âu Châu đến Đại Việt", Việt sử đại cương tập 2, cùng tác giả, tt. 117-160.]

4. Phạm Thế Ngũ, Việt Nam văn học sử giản yếu tân biên, quyển 3, Văn học hiện đại (1862-1945), California: Nxb Đại Nam tái bản không đề năm, tr. 67.

5. Roland Jacques, Các nhà truyền giáo Bồ Đào Nha và thời kỳ đầu của Giáo hội Công giáo Việt Nam [song ngữ Việt Pháp], tập 1, Paris: Định Hướng Tùng Thư, 2004, tt. 81-89 (5a), 223-225 (5b), 85 (5c), tr. 375 (5d). Các bản văn Kinh lạy Cha đều trích từ sách nầy.

6. Trong Việt-Nam văn-học sử yếu của Dương Quảng Hàm, sđd. chương thứ 18, thiên thứ 5, năm thứ nhất ban Trung học, tr. 181, có trích đăng một phần của sách nầy.dưới tựa đề Phép giảng tám ngày. Ngoài ra, sách Giáo lý dành cho những ai muốn chịu Phép Rửa, chia ra tám ngày đượïc in lại: Phép giảng tám ngày - Catechismus in octo dies divisus - Catéchisme divisé en huit jours, lời tựa của Nguyễn Khắc Xuyên, André Marillier ghi lại theo chính tả ngày nay, Henri Chappoulie dịch qua tiếng Pháp, TpHCM: Tủ sách Đại Kết, 1993. (Theo Roland Jacques, sđd. tr. 199, phần chú thích.)

7. Sách nầy được in lại: Dictionarium Annamitcum Lusitanum et Latinum, Thanh Lãng, Hoàng Xuân Việt, Đỗ Quang Chính dịch, Từ điển Annam - Lusitan - La Tinh (thường gọi là từ điển Việt-Bồ-La), Hà Nội: Nxb Khoa học Xã hội, 1991.

8. Alexandre de Rhodes, Dictionarium Annamitcum Lusitanum et Latinum, bản in năm 1991, tr. 3.

9. (tìm chữ Taberd).

10. Adran là tước hiệu tông tòa của giám mục Pigneau de Béhaine (Bá Đa Lộc). Về giám mục nầy, xin xem Việt sử đại cương tập 2, các chương "Người Âu Châu đấn Đại Việt" và "Đất nước thống nhất".

11. John DeFrancis, Colonialism and Language Policy in Vietnam, New York: Moulton Publishers, 1977, tr. 75. DeFrancis theo tin của báo Courrier de Saigon ngày 10-2-1864 và DeFrancis cho biết chi tiết nầy ông lấy từ bài "Le français, le quoc-ngu, et l'enseignement public en Indochine" của E. Roucoules, trong Bulletin de la Société des études Indochinoises, số 1 năm 1890.

12. John DeFrancis, sđd. tr. 76. Theo Alfred Schreiner, Abrégé de l'histoire d'Annam, Deuxième édition, Sai Gòn: 1906, tt. 200-201, thì Charner mở cùng một lúc hai trường: trường thông ngôn dạy tiếng Việt cho quan chức Pháp và trường Pháp mang tên Adran (Bá Đa Lộc) cho trẻ em Việt. Có thể vì việc Charner dùng trụ sở Collège d'Adran mở trường thông ngôn nên có sự lầm lẫn nầy chăng?

13. Thư ngày 9-5-1865 của quyền thống đốc Nam Kỳ là Pierre-Gustave Roze (thống đốc De la Grandière về Pháp từ 30-3-1865 đến 26-11-1865), gởi cho bộ trưởng bộ Hải quân và Thuộc địa Pháp. (Đặng Văn Nhâm, Lịch sử báo chí Việt Nam, California, Nxb. Việt Nam Văn Hiến, 1999, tr. 39.) Ông Đặng Văn Nhâm trích dịch như sau: "Số đầu tiên của tờ Gia Định Báo được in bằng chữ An Nam, theo mẫu tự La-tinh, phát hành vào ngày 15 tháng 4 vừa qua…"

14. Phạm Thế Ngũ, sđd. tr. 67.

15. Cách in chữ Nho ngày trước là khắc từng chữ Nho trong nguyên bài vào bản gỗ (mộc bản), dùng để in, rồi không dùng cho bài khác được. Cách in mới của giai đoạn nầy là người thợ dùng 24 chữ cái trong mẫu tự la-tinh; lắp ráp chữ cái với nhau thành chữ; ghép các chữ thành bản in. In xong, rả bản in cũ, dùng lắp lại chữ in khác.

16. Cao Xuân Dục, Quốc triều hương khoa lục, bản dịch. của Nguyễn Thị Nga và Nguyễn Thị Lâm, Nxb. TpHCM, 1993, tr. 371. Alfred Schreiner, sđd. tr. 340.

17. Alfred Schreiner, sđd. tr. 340.

18. Dương Kinh Quốc, Việt Nam: Những sự kiện lịch sử (1858-1918), Hà Nội: Nxb Giáo Dục, 1999, tr. 109.

19. Emmanuel Poisson, Mandarins et subalternes au nord du Viêt Nam, une bureaucratie à l'épreuve (1820-1918), Paris: Maisonneuve & Larose, 2004, tt. 193-194. Cũng theo tài liệu nầy, các môn thi trong kỳ thi phụ như sau: 1) Viết tập chữ Pháp (hệ số 3). 2) Chính tả chữ Pháp (HS 5). 3) Dịch chữ Pháp qua quốc ngữ (HS 5) 4) Đàm thoại tiếng Pháp (HS 5) 5)Đọc và dịch miệng tại chỗ một bài tiếng Pháp (HS 5) 6) Chính tả quốc ngữ (HS 3) 7) Dịch một bài chữ Nho qua quốc ngữ (HS 4). Điểm cho trên 20. Thí sinh phải đủ tối thiểu 360 điểm trên 600 điểm thì mới được ưu tiên chọn ra làm quan. Những người đậu cử nhân phải hơn những người đậu tú tài 50 điểm. [Hệ số (coefficient): Các môn thi được xem quan trọng nhiều hay ít khác nhau, nên có hệ số lớn nhỏ khác nhau. Ví dụ môn viết tập chữ Pháp hệ số 3; môn chính tả Pháp hệ số 5. Mỗi môn thi được cho điểm tối đa là 20. Điểm mỗi môn nhân lên với hệ số môn đó, rồi cộng tất cả thành điểm cuối cùng. Ví dụ tổng cộng hệ số 7 môn thi trong kỳ thi phụ trên đây là 30. Điểm tối đa mỗi môn thi là 20 điểm, vậy 20 X 30 = 600 điểm (điểm tối đa). Luật thi quy định thí sinh phải được 360 / 600 mới được ưu tiên chọn ra làm quan.] Xin xem thêm phần tài liệu phía dưới.

20. Louis Cury, La société annamite, les lettrés - les mandarins - le peuple (Thèse pour le doctorat), Paris: Jouve et Cie, Éditeurs, 1910, tt. 24-33. (Nghị định do quyền toàn quyền Broni ký ngày 14-9-1906).

21. Phạm Văn Sơn, Việt sử tân biên, quyển V - Tập trung, Việt Nam Cách mạng cận sử (1885-1914), Sài Gòn: 1963, tr. 393.

22. Thông thường, khóa thi hương có 4 giai đoạn, thường gọi là 4 kỳ hay 4 trường. Đậu kỳ 1 (trường nhất) mới được thi kỳ 2 (trường hai hay trường nhì). Đậu kỳ 2 mới được thì kỳ 3 (trường ba). Đậu trường 3 mới được thi kỳ 4 (trường tư). Đậu kỳ 4 (trường tư) được gọi là cử nhân. Đậy kỳ 3 (trường ba) hỏng kỳ 4 gọi là tú tài.

23. Cao Xuân Dục, sđd. tt. 611, 629, 645, 659.

24. Dương Kinh Quốc, sđd. tt. 375-378.

25. Học viện Quốc gia Ngôn ngữ và Văn minh Đông phương Paris, Khoa Đông Nam Á, Trung tâm Tài liệu và Nghiên cứu về Đông Nam Á, Ban Việt học, phần Chronologie Vietnamienne, Éléments pour "La mémoire de Phạm Quỳnh 1892-1945″ [Biên niên Việt Nam, góp phần tưởng nhớ Phạm Quỳnh 1892-1945]. Xem thêm: Nguyễn Q. Thắng, Khoa cử và giáo dục Việt Nam, Hà Nội: Nxb. Văn Hóa - Thông Tin, 1993, tr. 304.

26. Phạm Thế Ngũ, sđd. tr. 67 (26a), tr. 116 (26b), tr. 63 (26c).

27. Điểm đặc biệt là chiếu xưng đế của vua Gia Long (trị vì 1802-1820) ngày 12 tháng 5 năm bính dần (28-6-1806) bằng chữ Nho. Tuyên cáo độc lập của vua Bảo Đại bằng quốc ngữ.

28. Sách Danh từ khoa học và Chương trình trung học năm 1945 do bộ Giáo Dục-Mỹ Thuật đưa ra, thường được gọi là chương trình Hoàng Xuân Hãn, được đăng lại trong sách La Sơn Yên Hồ Hoàng Xuân Hãn, tập I: Con người và trước tác, Hà Nội: Nxb. Giáo Dục, 1998, tt. 519-850.

29. Nguyễn Văn Vĩnh viết câu nầy trong bài tựa bản dịch bộ Tam quốc chí diễn nghĩa do Phan Kế Bính dịch, xuất bản ở Hà Nội năm 1909. (Dương Quảng Hàm, sđd. tr. 398.)

30. Tại Nam Kỳ, tiểu thuyết đầu tiên xuất hiện năm 1887 là Truyện thầy Lazaro Phiền của P. J. B. Nguyễn Trọng Quản do nhà xuất bản J. Linage ấn hành năm 1887 tại Sài Gòn, trong khi ở Hà Nội, truyên Tố Tâm của Song An Hoàng Ngọc Phách được ấn hành năm 1925.